Les frais d'entrée : une nouvelle approche pour combattre le surtourisme

Le tourisme de masse est devenu un phénomène mondial, apportant d’innombrables avantages économiques aux destinations populaires. Cependant, il a également engendré une série de problèmes, tels que la congestion, la dégradation de l’environnement et les tensions sociales. Face à ces défis, de nombreuses destinations touristiques cherchent de nouvelles stratégies pour contrôler le surtourisme. Parmi ces initiatives, l’imposition de frais d’entrée à la ville ou à certains sites touristiques constitue une approche novatrice qui suscite de plus en plus d’intérêt, comme vous l’explique Bourse des Vols.

1- Le concept des frais d’entrée

Les frais d’entrée, également connus sous le nom de tarifs d’accès ou de taxes touristiques, consistent en un paiement obligatoire exigé aux visiteurs qui souhaitent accéder à une destination touristique spécifique. Ces frais peuvent être perçus à différents niveaux, allant des sites touristiques individuels aux villes ou régions entières et sont plus ou moins élevés. L’idée est d’utiliser ces revenus pour atténuer les effets négatifs du tourisme de masse et pour investir dans des initiatives de développement durable.

Ex. : Venise veut instaurer des frais d’entrée pour les visiteurs journaliers (dernière date annoncée de lancement en 2025), afin de limiter les arrivées des touristes par bateau de croisière. Elle désire ainsi non seulement limiter le nombre de visiteurs en ville, mais aussi protéger ses fondations fragilisées par le passage des immenses bateaux.

2 –  Les avantages des frais d’entrée

1 – Régulation des flux touristiques

En imposant des frais d’entrée, les destinations touristiques peuvent contrôler le nombre de visiteurs, éviter la saturation des sites touristiques et limiter le surtourisme. Ce qui permet de préserver l’intégrité des attractions et d’améliorer l’expérience globale des visiteurs.

Ex. La calanque de Sugiton et des Pierres Tombées à Marseille n’est désormais accessible que sur réservation gratuite durant l’été.

2 – Financement de la durabilité

Les frais d’entrée peuvent être utilisés pour financer des projets de développement durable, tels que la préservation de l’environnement, la restauration du patrimoine culturel et la mise en place d’infrastructures écologiques. Cela contribue à minimiser l’empreinte écologique du tourisme et à préserver les ressources naturelles et culturelles des destinations.

3- Les préoccupations

1 – Accès équitable

Les différentes destinations ont à cœur de s’assurer que les frais d’entrée n’excluent pas les visiteurs à faible revenu ou ne s’aggravent pas les inégalités existantes. Certaines ont ainsi mis en place des mesures afin de garantir que tout le monde ait la possibilité de visiter les destinations touristiques, indépendamment de leur situation économique.

Ex. : L’accès au Machu Picchu au Pérou coûte 2 fois plus cher pour les visiteurs étrangers que pour les touristes locaux (38 € contre 16 €).

2 – Protection des visiteurs

Qui dit plus de visiteurs, dit plus de dégâts et d’accidents. Certaines destinations ont ainsi mis en place divers stratagèmes afin d’obliger les visiteurs à faire plus attention et à les protéger de leur inconscience. Et le recours à cette protection est obligatoire.

Ex. Au Mont-Blanc côté français, les autorités ont restreint l’accès à la «Voie normale» (ou « Voie royale ») à 214 alpinistes qui doivent obligatoirement réserver une place en refuge, considérée comme un laissez-passer, et ce, de la mi-mai à fin septembre.

4 – Les défis

1 – Effet sur l’image de marque

L’imposition de frais d’entrée peut avoir un impact sur l’image de marque d’une destination touristique. Certains visiteurs peuvent percevoir ces frais comme une barrière à l’entrée et être dissuadés de visiter la destination. Les villes cherchent donc à communiquer efficacement les raisons et les avantages des frais d’entrée afin de minimiser tout impact négatif sur la réputation de la destination.

Ex. La Thaïlande va appliquer une nouvelle taxe d’entrée à tous les visiteurs étrangers (à partir de septembre 2023) afin de développer ses infrastructures touristiques et assurer le financement d’une assurance pour les voyageurs étrangers. Elle cherche aussi à se repositionner et à ne plus seulement être perçue comme LA destination des backpackers.

2 – Évaluation de l’impact réel

Les autorités mènent des études approfondies pour évaluer l’impact réel des frais d’entrée sur le surtourisme et sur le développement durable. Elles examinent attentivement les effets sur l’économie locale, l’environnement, la culture et la société, afin d’ajuster et d’optimiser en permanence les politiques de gestion du tourisme.

Ex. Les récifs coralliens de la plage de Maya Bay en Thaïlande, popularisée par le film La Plage, ont été durement touchés par le surtourisme. Les autorités ont donc fermé la plage pendant plusieurs années, à cause ou grâce à la pandémie de Covid-19. A sa réouverture en 2022, l’entrée a été limitée à 2 200 visiteurs par jour, avec des consignes très strictes à respecter sous peine d’amende. La fermeture a fait ses preuves car des animaux (notamment des requins à pointes noires) qui avaient disparu sont réapparus.

Le surtourisme est un fléau qu’un nombre croissant de destinations tente désormais de tacler, notamment dans les grandes capitales européennes. L’occasion de partir à la recherche d’une destination peu fréquentée !

Les conseils du pro

Pour ne pas ajouter votre pierre au surtourisme, privilégiez les destinations méconnues ou, si vous en avez la possibilité, essayez de voyager hors saison, lorsqu’il y a moins de monde et que les tarifs sont plus bas. Vous pouvez également vous tourner vers l’écotourisme, une nouvelle façon de voyager plus verte et plus responsable. Les voyageurs français apprécient aussi de voyager local, sans quitter le territoire, notamment pour des questions économiques. Et si vous avez le temps, pourquoi ne vous lanceriez-vous pas dans le slow travel ?